mardi 28 décembre 2010

Les amis des Rroms sont des Européens



Les Rroms seuls ont une présence constante sur l'étendue totale de l'Europe,
au sein ou non de l'Europe politique actuelle.

Il est temps de comprendre qu'il n'y a pas d'Europe sans les Rroms.
Ne pas vouloir les Rroms en son pays, c'est refuser l'Europe.

Voilà qui ne gêne pas les nationalistes de tous bords pour qui l'Europe n'est qu'un mythe.
Voilà aussi qui devrait interpeller ceux pour qui l'Europe est leur patrie véritable.

L'Europe des 27 n'est pas la zone euro, économique et monétaire, avec ses 17 États.
L'Europe compte bien plus d'États que n'en contient l'Union
et partout y vivent des Roms.

L'Albanie, la Bosnie, la Croatie, la Macédoine, la Serbie, la Suisse, la Turquie, l'Ukraine,
encore hors de l'Union, peuplées aussi en partie par des Rroms,
font partie de la seule Europe pensable,
celle qui forme le cap de l'Asie
et dont le destin devient chaque jour plus commun.

Les amis des Rroms sont des Européens,
pas des libre échangistes européens,
de véritables citoyens européens.

La route sera longue encore avant que nous parvenions à vivre dans cette Europe là.
Il faudra que tourne la roue de l'histoire,
dentée, rouge sang, celle du voyage des humains en quête de paix.

samedi 25 décembre 2010

Cadeau de Noël...

Message "emprunté" Que son auteur(e) nous pardonne.

Les enfants roms sur la route de l'école

Tous les matins, Stoyan, rom bulgare installé en France depuis deux ans, prend ses deux enfants par la main et les emmène à l’école. Anodin ? Au contraire. Les enfants de Stoyan - Simona, 8 ans et Stivan, 10 ans, sont des exceptions. La scolarisation des enfants roms, pourtant obligatoire, reste extrêmement marginale en France. Seuls 10% des 7000 enfants roms vivant en France, vont régulièrement à l’école.

De gauche à droite : Stivan, sa soeur Simona et leur père Stoyan  ©Pierre Pytkowicz

Premier obstacle et non des moindres : le refus des municipalités de respecter cette obligation. Il faut souvent plusieurs années de bataille juridique avec intervention de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde), avant que les enfants ne puissent prendre le chemin de l’école. Dans ce contexte, la ville de Bobigny fait figure d’exception. « Dès qu’un enfant arrive sur la commune, il est scolarisé et inscrit à la cantine, explique Annick Lemée, directrice de cabinet à la mairie. C’est une tradition balbynienne qui permet de vivre ensemble et non pas côte à côte. C’est thérapeutique et préventif : quand on a été à l’école avec un enfant rom, on ne répète pas des âneries sur eux. »

Au cœur de la cité Karl Marx, l’école Marie Curie est l’une des quatre écoles de la ville à proposer des « classes d’intégration » (CLIN) pour les élèves non francophones. A elle-seule, cette école primaire accueille douze Roumains et cinq Bulgares. Pour autant, n’allez pas dire à son énergique directrice, Véronique Decker, que la scolarisation des enfants Roms est un combat. « Le combat, c’est de défendre l’école publique, laïque et gratuite pour tous, qui est attaquée de toute part, rétorque cette femme de 53 ans. Ne pas céder sur les Roms, c’est signifier qu’on ne cédera sur rien. » Un principe qui n’est pas simple tous les jours : démantèlements des lieux de vie, expulsions des familles, problèmes d’hygiène et de santé et traque policière rendent la scolarisation des enfants roms chaotique.

L’histoire de la rentrée scolaire de Stivan en dit long sur la difficulté du chemin quotidien vers l’école. Pas de liste interminable de fournitures pour le garçon, mais un exil de plusieurs semaines. Effrayé par les expulsions estivales, sa famille s’est réfugiée en Belgique. Ce n’est que mi-octobre que Stivan a pu rentrer en CE1. « Avec les expulsions et les démantèlements, il y a souvent des interruptions de plusieurs mois, raconte Remy Logié, le professeur de Stivan. Cela rend difficile l’apprentissage des fondamentaux. D’autant qu’à cette absence de régularité, s’ajoute l’angoisse et les conditions de vie. » A l’école Marie Curie, l’arrivée des enfants roms n’a pas été du goût de tous les parents d’élèves. Pour combattre peur et préjugés, la directrice a une méthode imparable : l’histoire. A ce père de famille maghrébin, venu se plaindre de la saleté des enfants roms, elle a conseillé de se renseigner sur l’endroit où habitaient ses propres parents quand ils sont arrivés en France. « Il a alors appris que sa famille avait habité le bidonville de Nanterre quand il était tout petit, il avait oublié.» La mémoire des migrations comme arme pour la tolérance.

Sur le terrain du Pont de Bondy, à Bobigny ©Pierre Pytkowicz Stivan devant sa caravane ©Pierre Pytkowicz

L'extérieur d'une caravane ©Pierre Pytkowicz Et l'intérieur ©Pierre Pytkowicz

Le bidonville de Nanterre d’hier, et le terrain du Pont de Bondy d’aujourd’hui partagent la même misère suintante. Coincé entre les rails du tramway et le canal de l’Ourq, ce terrain abrite une trentaine de familles. Roumains, Serbes, Croates. Tous Roms. Les Bulgares les ont rejoints en septembre dernier, après l’incendie du tunnel qu’ils occupaient près du parc de la Bergère. Les cinq familles vivent mal cette nouvelle promiscuité. « Les Roumains mettent la musique à fond jusqu’à deux heures du matin, se plaint une mère de famille, les enfants ont du mal à se lever le matin. » La neige de ces derniers jours a fondu en une boue crasseuse dans laquelle il faut patauger pour accéder aux caravanes. Dire que celles-ci sont vétustes serait un euphémisme encore loin de la réalité. Chauffées aux poêles à bois, la plupart ont des portes qui ne ferment pas et des fenêtres isolées au scotch. Des groupes électrogènes fournissent un peu d’électricité, mais il n’y a pas d’accès à l’eau. Il faut marcher jusqu’à Pablo Picasso (à trois stations de tramway) pour trouver une pompe. Dans ces conditions, l’hygiène est plus que précaire. La municipalité a fait vacciner tous les enfants, mais le personnel éducatif craint des conséquences sanitaires. « A vivre comme au moyen-âge, on attrape des maladies du moyen-âge » déplore Véronique Decker.

Dans des conditions aussi déplorables, pourquoi rester ici ? La réponse fuse, immédiate. « Pour les enfants, répond Stoyan. Ils ont un avenir ici, pas en Bulgarie. » Roms turcophones et musulmans, ces familles subissent discriminations et misère en Bulgarie. « Il ne faut pas généraliser, explique Svetlana, de l’équipe mobile Bociek, qui officie comme traductrice entre l’école et les parents. Certaines familles vivent dans la misère là-bas, mais d’autres ont des maisons. On a du mal à comprendre pourquoi ils laissent un toit pour venir vivre ici. Ils sont à la recherche du bonheur, d’une vie meilleure ». Les hommes vivent de la vente de ferrailles, les femmes de la manche. Sans les enfants, précisent-elles.

Il y a dix jours, la police a fait irruption sur le camp pour distribuer, pour la énième fois, des obligations de quitter le territoire français. De nouveau, l’angoisse d’une évacuation imminente a fait le tour des caravanes. Signe des temps, il y a quelques mois, quand on demandait à Stivan quel métier il ferait plus tard, il disait « policier ». Aujourd’hui il répond, dans un français parfait, « maître d’école ».

Article paru dans l'Humanité du 23 décembre 2010

http://www.laissezpasser.info/post/Les-enfants-roms-sur-la-route-de-l-%C3%A9cole

Photos : Pierre Pytkowicz

samedi 18 décembre 2010

Cadeau de Noël du Sénat aux habitants de caravanes

Décidément, Rroms en France tend à signifier à la fois : Rroms étrangers en France et Roms de France étrangers à leur propre pays !

La mesure anti-tsiganes du sénateur Marini (taxe d'habitation de 75 euros, pour chaque caravane, doublée par ces chers vieux parlementaires cousus d'or) s'appliquera, en octobre 2011, à tous les propriétaires de "résidences mobiles terrestres".

Cela ne fera pas des caravanes des logements et cela n'ouvrira pas le droit à l'allocation de logement ! Pas d’exonération prévue pour les bénéficiaires du RSA de base… Quant au mode de contrôle du paiement de la taxe, ça devient ubuesque puisque les agents des Eaux et Forêts, de la DDT, des douanes ou la police municipale en passant par les gardes-champêtres peuvent y procéder !

Voici le texte de l’article 17 bis de la loi de finance rectificative 2010, adopté par le Sénat, ce 17 décembre.

Article 17 bis A

I. – L’article 1013 du code général des impôts est ainsi rétabli :

« Art. 1013. – I. – Une taxe annuelle est due sur les résidences mobiles terrestres occupées à titre d’habitat principal sur le territoire national.

« II. – La taxe est due au titre de la période d’imposition s’étendant du 1er octobre d’une année au 30 septembre de l’année suivante.

« La taxe est exigible à l’ouverture de la période d’imposition mentionnée au premier alinéa ou dans le mois suivant la date d’acquisition de la résidence mobile terrestre. Toutefois, elle n’est pas due, au titre de la période concernée, lorsque la résidence est acquise du 1er août au 30 septembre de la période d’imposition.

« Le paiement de la taxe incombe au propriétaire de la résidence.

« III. – Sont exonérés de la taxe :

« 1° Les propriétaires de résidences mobiles terrestres dont la date de première mise en circulation est antérieure de plus de quinze ans au premier jour de la période d’imposition ;

« 2° Les titulaires de l'allocation de solidarité aux personnes âgées mentionnée à l'article L. 815-1 du code de la sécurité sociale ou de l'allocation supplémentaire d'invalidité mentionnée à l'article L. 815‑24 du même code ;

« 3° Les titulaires de l'allocation aux adultes handicapés mentionnée aux articles L. 821-1 et suivants dudit code, lorsque le montant de leurs revenus de l'année précédente n'excède pas la limite prévue au I de l'article 1417 du présent code ;

« 4° Les personnes atteintes d'une infirmité ou d'une invalidité les empêchant de subvenir par leur travail aux nécessités de l'existence lorsque le montant de leurs revenus de l'année précédente n'excède pas la limite prévue au même I de l'article 1417.

« Pour l’application des 2°, 3° et 4°, les personnes concernées s’entendent du propriétaire de la résidence, de son conjoint ou de son partenaire à un pacte civil de solidarité.

« IV. – Le montant de la taxe est fixé à 150 € par résidence mobile terrestre. Toutefois, ce tarif est réduit à 100 € pour les résidences mobiles terrestres dont la date de première mise en circulation est antérieure de plus de dix ans au premier jour de la période d’imposition.

« V. – La procédure de paiement sur déclaration prévue à l'article 887 est applicable au paiement de la taxe. La déclaration, souscrite sur un imprimé répondant au modèle établi par l'administration, est déposée, sur présentation du certificat d’immatriculation de la résidence mobile concernée, au plus tard le 30 septembre au service des impôts.

« La taxe exigible est acquittée lors du dépôt de la déclaration mentionnée à l'alinéa précédent par les moyens de paiement ordinaires. Il en est délivré un récépissé qui, s’il est délivré au titre d’une résidence mobile exonérée en application du III, est revêtu de la mention "gratis".

« VI. – Le récépissé mentionné au V est conservé par la personne qui, selon le cas, conduit ou tracte la résidence mobile en vue d’être présenté à toute réquisition des agents habilités.

« VII. – Un duplicata du récépissé peut être délivré en cas de perte, de vol ou de destruction, sur demande écrite du redevable adressée au service des impôts auprès duquel la taxe a été acquittée.

« VIII. – Le défaut de présentation du récépissé dans les conditions prévues au VI, constaté par procès-verbal établi au nom de la personne tractant ou conduisant la résidence mobile terrestre, est sanctionné par une amende égale au tarif plein de la taxe prévu au IV, majoré de 40 %.

« IX. – Le contrôle et le contentieux de la taxe sont assurés selon les règles et garanties applicables en matière de droits d’enregistrement.

« X. – Le produit annuel de la taxe est réparti entre les collectivités territoriales et établissements publics de coopération intercommunale au prorata de leurs dépenses engagées en application de la loi n° 2000-614 du 5 juillet 2000 relative à l’accueil et à l’habitat des gens du voyage. »

II. – L’article 1595 quater du même code est abrogé.

III. – Après l’article L. 24 du livre des procédures fiscales, il est inséré un article L. 24 A ainsi rédigé :

« Art. L. 24 A. – Les personnes tractant ou conduisant une résidence mobile terrestre soumise à la taxe prévue à l’article 1013 du code général des impôts présentent sur le champ, à toute demande des agents de l’administration habilités à établir des procès-verbaux, le récépissé établissant qu’elles sont à jour de leurs obligations au regard de cette taxe. »

IV. – Les I et III sont applicables pour la première fois au titre de la période d’imposition s’étendant du 1er octobre 2011 au 30 septembre 2012. Le II est applicable à compter du 1er janvier 2011.

vendredi 17 décembre 2010

L’article 32 ter A de la LOPSSI 2 est criminel

Une Cyber-action à soutenir, d'urgence, avant Noël...



* Non à la pénalisation et à l’expulsion arbitraire des habitants de logements de fortune...

ROMs, gens du voyage, habitants de bidonvilles, de cabanes, de maisons sans permis de construire, et de toutes formes d’habitats légers, mobiles et éphémères, tous sont visés...

A l’heure où le Gouvernement est attaqué de toute part sur sa politique répressive et raciste à l’égard des Roms, des gens du voyage et en règle générale, des populations précaires, il fait adopter en force l’article 32 ter A de la LOPSSI 2 à l’encontre des habitants de bidonvilles, d’habitations de fortune, de campements de sans abris comme dans le bois de Vincennes, et également à l’encontre de personnes ayant choisi d’habiter caravanes, roulottes, camions, tipis, yourtes, auto et éco-constructions.

Toute construction sans permis de construire, comme il en existe beaucoup dans les DOM TOM pourrait aussi tomber sous le coup de cette procédure d’exception, car une construction sans permis est « illicite ». Cette procédure menace également les squatters : le Ministère de l’Intérieur a annoncé son intention de l’étendre aux occupants de locaux lors de la deuxième lecture à l’Assemblée Nationale.

L’article 32 ter A de la LOPPSI 2 est une mesure d’exception car elle bafoue les principes de la protection par le juge du domicile, des biens, de la vie familiale et privée, et donne un pouvoir arbitraire et disproportionné au Préfet : en effet, la procédure d’expulsion en vigueur actuellement sur les logements de fortune, nécessite une décision du juge, elle protège d’une expulsion en hiver, elle permet d’être pris en compte dans des dispositifs de relogement voire d’hébergement, elle doit respecter des délais et des actes de procédure délivrés par un huissier, elle prévoit la protection des biens des personnes expulsées....

Elle est une mesure arbitraire car elle est justifiée par « un risque grave d’atteinte à la salubrité, à la sécurité, à la tranquillité publiques », notions extensibles et floues qui laissent la place à toutes les interprétations. Elle vise toute personne qui aura décidé en réunion (2 personnes et plus), de s’installer sur un terrain quel que soit le propriétaire, et la nature de la relation entre le propriétaire du terrain et les habitants. Même si un des habitants est le propriétaire du terrain, ou si l’utilisation du terrain est contractualisée avec les occupants, ou si simplement le propriétaire n’est pas opposé à cette installation, le Préfet peut employer cette procédure d’exception dans un délai de 48h.

L’article prévoit une sanction financière pour ceux qui ne s’exécuteraient pas assez vite, ainsi que la destruction de l’habitation et des biens qu’elle renferme, sur procédure accélérée. La destruction au bulldozers et le vol des biens d’autrui seront ainsi légalisés. Cette disposition ouvre la voie à une atteinte au droit de propriété.

Cette loi, viendrait faciliter la destruction autoritaire des construction dite « illicite », et la réalisation de la « lutte anticabanisation » lancée notamment par le Préfet des Pyrénées Orientales depuis 2007.

Cette disposition vise et accable les personnes les plus gravement touchées par la crise du logement. A l’opposé des politiques conduites il y a 50 ans, elle répond à la recrudescence des bidonvilles et des formes les plus aigües de mal-logement par la répression et par une procédure d’expulsion expéditive. En effet, alors que le Gouvernement prétend mettre en œuvre le droit au logement, il n’est prévu ni relogement ni hébergement pour les expulsés. Ils doivent quitter les lieux et se rendre invisibles.

* Nous demandons le retrait de cet article, le retour et le respect de la Loi d’origine sur les terrains d’accueil, adoptée en 2000 dans le cadre de la Loi SRU, et des mesures législatives qui reconnaissent la qualité de domicile et son caractère permanent à l’habitat choisi, au lieu de le réprimer et le stigmatiser.
* Nous exigeons que la politique de résorption des bidonvilles et des habitats de fortune s’inscrive dans les politiques du logement, la mise en œuvre de la loi DALO et des procédures d’insalubrité,... afin que chacun et chacune puissent être logés dignement.
* Nous dénonçons la politique répressive et stigmatisante du Gouvernement qui s’attaque aux plus modestes et aux plus fragiles, et demandons l’abandon de tout projet anti-squat.


Premiers signataires : ACDL, ADGVE, AITEC, AFVS, AMIDT, ANGVC, CGT CDC, Cheyenne, CNL, DAL, FAPIL, Fédération Calé/Kalé, FNASAT, HALEM, Jeudi noir, La voix des Roms, LDH, MRAP, RESOCI, SAF, Union Syndicale Solidaire, Vie et Habitat Choisi,... Ainsi que : Alternatifs, PG, NPA, Les Verts,...


Nous vous proposons d'interpeller votre député pour l'inviter à voter le retrait de cet article.

Alain Uguen
Association Cyber @cteurs

samedi 20 novembre 2010

La France reste impitoyable aux Rroms

Le texte suivant fut écrit fin 2003. Il n’a -hélas- pas pris une ride. Nous le rééditons, sans en changer un mot, parce qu’il éclaire ces années qui nous ont conduits où nous en sommes : la mise en marge et la discrimination des Rroms, à l’instigation des plus hautes autorités de l’État.

Le Collectif de soutien aux familles roms de Roumanie. Le 20 novembre 2010.


http://www.france-info.com/local/cache-vignettes/L900xH600/roms-2-83e47.jpg


La France impitoyable


Dans notre coin de France, dans le triangle Montmagny-Groslay-Sarcelles, au cœur du Val d’Oise, aujourd’hui, 5 Novembre 2003, nous avons vu jusqu’où, en toute bonne foi et légitimité, pouvaient aller les serviteurs du « pays des Droits de l’Homme »… : jusqu’à l’impitoyable.


Car la police de M.Sarkosy a encore frappé ! Efficacement. Et, une fois encore, les Roms ont été victimes de cet acharnement : en passant, ce matin au bulldozer leur bidonville, les services de police ont broyé, enfoui ou écrasé les effets personnels, les appareils de chauffage, le matériel de cuisine, le couchage…, mais aussi les pièces et preuves d’identités appartenant à des personnes humaines ayant accumulé là, de quoi survivre, misérablement.


Encore une fois, on a mis fin à une situation précaire sans qu’aucune solution de remplacement ait été envisagée ; ce soir, une cinquantaine des Roms Roumains, au moins, se retrouvent donc sans abri, sans biens et sans papiers. Ils n’avaient presque rien ; ils n’ont désormais, (hormis ce qu’ils portaient sur eux), plus rien du tout !


Sans doute les « autorités » useront-elles encore de cette justification sans cesse ressassée : « on ne peut accueillir toute la misère du monde » ! La formule, malheureuse, de Michel Rocard, (jamais citée complètement car il ajoutait : « mais il faut en prendre sa part »), ne permet pas de jeter à la rue, à cette époque de l’année, des familles, et même des célibataires, qui n’ont d’autre solution que d’aller réclamer une hospitalité, lourde de promiscuité, dans un autre bidonville en attendant, dans un entassement pénible, la nouvelle et très prochaine « évacuation ». Elle est attendue pour lundi prochain !


Car, il ne s’agit plus, en effet, seulement d’expulsion. Il s’agit d’évacuer ces choses à visage humain, de chasser et pourchasser ces indésirables dont on ne veut pas savoir s’ils sont des enfants ou des vieux, des femmes ou des hommes, des détenteurs de titres de voyage ou de titres de séjour, des nouveaux venus ou d’anciens résidents, des « clandestins » ou des « réguliers »… « On n’en veut plus ! » Et puisqu’ils ne le comprennent pas d’eux-mêmes, puisque, si on les reconduit à la frontière, ils reviennent, puisqu’ils ne repartent pas « dans-leur-pays », on va leur rendre la vie impossible, oui, vraiment, très concrètement, impossible.


Ce soir, nous avons mal à la France ; nous avons honte de la France ; nous ne sommes pas loin de penser que le Front National n’a pas eu besoin de conquérir le pouvoir par les urnes pour le prendre : la préférence nationale est en place et, en ces temps de remontée du chômage, nous voyons bien que le discours qui triomphe est celui-ci : « il faut virer, impitoyablement, tous ces mal-venus, ces mal-propres, ces mal-appris, ces mal-aimés, qui nous envahissent ! Et commençons par les Roms.»


Le racisme naît avant qu’on le découvre installé. Il est des actes qui en disent plus que les mots : les jérémiades sur les ouvertures de centres d’accueil pour les sans-abri sont en totale contradiction avec l’abattage, par des fonctionnaires chargés de notre sécurité, des masures ou des cabanes où s’abritent des malheureux.


Les Roms ne sont pas des saints ! Certes, et alors ? Celui qui n’a pas le droit au travail (c’est écrit, clairement, lisiblement, sur les titres de séjour provisoires !) ne peut que travailler « au noir », ou vendre un journal, ou mendier, ou jouer de la musique dans les transports en commun. Sinon, il ne peut que sombrer dans la délinquance : vendre des cigarettes ou autres drogues, trafiquer ou voler.


Le dégoût nous emplit. Faudra-t-il, en 2003, squatter les églises pour éviter que les statues des saints soient mieux à l’abri de la pluie que les enfants des hommes ? Avons-nous perdu jusqu’aux principes qui fondent notre civilisation (qu’on la dise chrétienne, humaniste ou démocratique, peu importe !), ces principes qui voulaient, comme le disait Jeanne d’Arc, « que le plus petit soit le premier servi » ? Pas le meilleur, le plus beau ou le plus méritant : le plus petit !


Sommes-nous donc en guerre contre les Roms ? Y-a-il des raisons de les « terroriser » comme le font nos « gardiens de la paix » ? Sont-ils les rebuts de la société, des déchets à jeter ? Que ceux qui le pensent le disent, afin que nous sachions dans quelle société nous vivons.


Pourtant même un délinquant ne peut être traité comme un chien ! On ne casse pas la niche d’un chien ! On nourrit son chien ! Il y a des vétérinaires pour les chiens…


Mais nous, nous avons vu des bébés de quelques semaines dont( nul ne se soucie de savooir s’ils peuvent conserver au moins un berceau et un biberon !


Cette fois, on va trop loin ! Il y a divorce entre les citoyens qui veulent qu’on essaie de partager de quoi se tenir debout, ensemble, dans ce monde, et ceux qui ne veulent d’autre monde que celui qui est fait à leur main, quitte à sacrifier une partie d’entre nous, les hommes.


« Rom » veut dire « homme ». Simplement, homme. Primo Lévi, rescapé du lager, a signé un livre dont le titre dit tout : « Si, c’est un homme ! »


Qu’on puisse vouloir, (après Auschwitz où l’on a gazé et enfourné Juifs et Roms tout à la fois, et cela, rappelons-nous, de par la volonté d’un État légitime), mépriser, abandonner à leur sort, évacuer, littéralement faire disparaître de notre vue, 4 000 à 5 000 Roumains et Roms, futurs membres de l’Union européenne, cela est une abomination significative : cette France impitoyable est peut-être prête à se livrer à des tyrans sans âme ?


Et si les Roms étaient des hommes, et si nous commencions à traiter les hommes, tous les hommes, comme des hommes !





mercredi 10 novembre 2010

Les Rroms du Kosovo sont eux aussi menacés, en Allemagne

Lettre ouverte de Günter Grass

Le Conseil d’administration de la fondation en faveur du peuple Rom, crée par Günter et Ute Grass en 1997 est consterné, horrifié et outré. Toute l’Europe regarde la France et s’indigne du comportement français envers les Roms qui ont fui la pauvreté de la Roumanie, et au même moment des expulsions de la même ampleur ont lieu en Allemagne en direction du Kosovo.



Des enfants nés en Allemagne, et y ayant vécu pendant plus de 15 ans, qui ont pu y bénéficier d’une éducation, et d’une subsistance, sont envoyés avec leurs familles dans le néant. Pas de logement, ni de nourriture, ni de relations sociales, ni d’éducation, ni de travail : c’est la réalité des personnes expulsées au Kosovo. C’est un scandale pour l’Allemagne et un fardeau pour la paix européenne.

Qui viole les droits de l’homme d’une manière si massive joue avec le futur de la paix sur notre continent. Selon la fondation, il s’agit d’une violation des règles fondamentales. Les personnes qui ont été expédiées dans un environnement hostile voient sans aucun doute leur vie menacée.

Il est nécessaire d’arrêter immédiatement les expulsions. Ce peuple qui a toujours été exclu et menacé n’a pas eu, après les horreurs du dernier siècle, de réparation morale. Maintenant c’est l’occasion pour les allemands de montrer d’autres signes que les générations précédentes.

Ce qui se passe en ce moment fait reculer les Roms dans un rôle qu’on leur a donné depuis des siècles : aux marges de la société, la vie des Roms expulsés de l’Allemagne devient une lutte pour la survie dans des conditions déplorables. Nous devons mettre fin à cela.

Au nom de la fondation, j’invite le gouvernement fédéral et les gouvernements des Länder à réviser leurs décisions immédiatement. La chargée des droits de l’Homme de l’UNESCO, ainsi que le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe ont émis leur point de vue dans ce sens il y a plusieurs semaines. Il est temps d’agir, car cette injustice s’accroît de jour en jour.

http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L353xH310/28002817jpg-8060-261e5.jpg

Et en France :
http://resf.reims.free.fr/IMG/jpg/rom_du_kosovo-1-page1.jpg
http://resf.reims.free.fr/IMG/jpg/rom_du_kosovo-1-page2.jpg

lundi 8 novembre 2010

La LOPPSI 2 ou l'insécurité garantie pour les Rroms

Xenophobes_Philippe GELUCK_Le tour du Chat en 365 jours_

La Loppsi 2, (Loi d’Orientation et de Programmation de la PERFORMANCE (1) de la Sécurité Intérieure), est en discussion au Parlement, depuis quelques mois, et sera discutée en seconde lecture à l’Assemblée Nationale, le 23 novembre 2010.

Suite au discours xénophobe de Grenoble, fin juillet, Brice Hortefeu a ajouté un article, qui a été approuvé en première lecture par le Sénat, dont vous trouverez le détail ci-dessous.

Les populations visées en premier lieu sont les Rroms, et les Voyageurs ensuite...

La nouveauté, (et elle est de taille !), c’est que le représentant de l’État, le préfet, aura toute autorité pour faire expulser, des personnes d’un terrain, sous 48 heures, sans autorisation du Tribunal, ni du maire de la commune concernée, ni même du propriétaire du terrain.

Seul celui-ci pourra s’opposer à l’expulsion de son terrain en actionnant, A SES FRAIS, le Tribunal.

Trouver un propriétaire suffisamment philanthrope et humaniste pour entreprendre cette action tient de la gageure.

Cet article, d’une rare rouerie, confirme bien, s’il en était besoin, la volonté du gouvernement de voir disparaître la population rroms de notre pays.


Article 32 ter A (nouveau)

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I. – Lorsqu’une installation illicite en réunion sur un terrain appartenant à une personne publique ou privée en vue d’y établir des habitations comporte de graves risques pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publiques, le représentant de l’État dans le département ou, à Paris, le préfet de police, peut mettre les occupants en demeure de quitter les lieux.

La mise en demeure est assortie d’un délai d’exécution qui ne peut être inférieur à quarante-huit heures. Elle est notifiée aux occupants et publiée sous forme d’affichage en mairie et sur les lieux. Le cas échéant, elle est notifiée au propriétaire ou titulaire du droit d’usage du terrain.

Lorsque la mise en demeure de quitter les lieux n’a pas été suivie d’effet dans le délai fixé et n’a pas fait l’objet d’un recours dans les conditions prévues au II, le préfet peut procéder à l’évacuation forcée des lieux, sauf opposition du propriétaire ou du titulaire du droit d’usage du terrain dans le délai fixé pour l’exécution de la mise en demeure. Le cas échéant, le préfet saisit le président du tribunal de grande instance d’une demande d’autorisation de procéder à la destruction des constructions illicites édifiées pour permettre l’installation en réunion sur le terrain faisant l’objet de la mesure d’évacuation. Le président du tribunal ou son délégué statue, en la forme des référés, dans un délai de quarante-huit heures.

Lorsque le propriétaire ou le titulaire du droit d’usage du terrain fait obstacle à l’exécution de la mise en demeure, le préfet peut lui demander de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire cesser l’atteinte à la salubrité, à la sécurité et à la tranquillité publiques, dans un délai qu’il fixe.

Le fait de ne pas se conformer à l’arrêté pris en application de l’alinéa précédent est puni de 3 750 € d’amende.

II. – Les personnes destinataires de la décision de mise en demeure prévue au I, ainsi que le propriétaire ou le titulaire du droit d’usage du terrain peuvent, dans le délai fixé par celle-ci, demander son annulation au tribunal administratif. Le recours suspend l’exécution de la décision du préfet à leur égard. Le président du tribunal ou son délégué statue dans un délai de soixante-douze heures à compter de sa saisine.

(1) Goûtez tout le sel du mot PERFORMANCE s’agissant d’une loi réglant les problèmes de sécurité. Le gouvernement va-t-il organiser les jeux olympiques des fonctionnaires de police et des agents secrets, dotés de prix à la valeur très attrayante.

jeudi 4 novembre 2010

De la discrimination à la fascisation de notre société ?

Ce qui se passe, actuellement, peut conduire au pogrom. Le gouvernement en porte la responsabilité. Analyse.

Les Roms restent sous l'emprise de la politique de rejet du Gouvernement. À Lyon, Créteil, Bondy, Bobigny, récemment, mais partout, on ne cesse de leur mener la vie dure. Les propos faussement apaisants des ministres n'y font rien, et l'objectif reste : chasser les Roms.

http://carcassonne.gauchepopulaire.fr/public/carcassonne.gauchepopulaire.fr/expulsion-roms--sarkozy.jpg

Cette même logique implacable, ne date certes pas d'hier, mais elle s'est renforcée et elle est appliquée de façon systématique depuis plusieurs mois. Elle consiste à rendre la vie des Roms impossible, afin qu'ils partent d'eux-mêmes. Les expulsions continuent donc, trève hivernale ou pas, que les intéressés soient ou non en situation régulière.

Il suffit que les familles s'installent n'importe où, puisqu'elles ne savent où s'arrêter, le plus souvent donc en un lieu non autorisé, pour qu'il y ait délit. Et si délit il y a, la réglementation autorise des poursuites judiciaires et l'intervention policière sans ménagement.

Cela concerne des Français comme des étrangers mais les Roms étrangers sont d'autant plus visés qu'ils reconstituent des bidonvilles. Les Roms en France - 15 000 à 20 000 étrangers, le plus souvent roumains -, des Européens donc, nos concitoyens de l'Union européenne, ont beau avoir droit à la libre circulation, ne trouvant aucun lieu où séjourner, ils n'ont pas droit au stationnement.

Les Roms de France, - 400 000 à 500 000 de nos compatriotes, dont moins du tiers vivant en habitat mobile – sont conscients, et ils le disent, qu'on commence par les Roms en France, puis que ce sera d'ici peu, pour nombre d'entre eux, leur tour. C'est, en effet, l'habitat précaire qui n'est pas supporté. C'est le signe de la pauvreté. C'est la preuve qu'on réussit à vivre sans ressources salariées. On serait donc un voleur, un délinquant !

Ce regard sur la réalité humaine est politiquement désastreux. Il fait des Roms le symbole de ce qu'on refuse mais, au-delà, c'est la marginalisation ou la destruction de tous les lieux de vie misérables qui est voulue : une société faite pour les riches n'accepte pas ce spectacle choquant.

Les OQTF (Obligations d'avoir à quitter le territoire français) s'accumulent donc mais le droit communautaire au retour annihile ces dispositions temporaires. Les retours « volontaires » ou contraints ne parviennent pas à éliminer un phénomène qui s'appuie, depuis janvier 2007, sur l'accès libre de tous les Européens à toute l'Europe. Des milliers de Roumains auront dû sortir de France, ces dernières années, mais le nombre des Roms en France reste le même. Ils reviennent donc ou sont remplacés...

Observer, comprendre et soutenir des populations européennes, non migrantes puisqu'européennes, appelées à vivre parmi nous dans toute l'Europe, où elles ne sont pas nombreuses État par État, mais nombreuses globalement (autour de 15 millions), est devenu une obligation citoyenne et une bonne occasion de penser ce que devient l'Europe.

Mais ce n'est pas tout : nous devons prendre garde à la fascisation que toute politique discriminatoire engendre.

Le journal 20 Minutes relate ainsi ce qui s'est passé dans les Yvelines, à Triel sur Seine, une nuit d'enfer fasciste :

" Des hommes cagoulés et armés, habillés comme des policiers, ont molesté des Roms...

Le commissariat de Poissy, dans les Yvelines, a ouvert une enquête vendredi sur une étrange affaire. Dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs hommes, cagoulés et armés, se sont introduits dans un camp de Roms des Yvelines.

D'après les témoignages recueillis par les enquêteurs, ces hommes ont fait irruption dans le camp de la plaine de Triel-sur-Seine vers deux heures du matin dans une voiture munie d'un gyrophare. Ils ont pénétré dans des caravanes avec des fusils et des matraques, arrachant certaines portes.

Habillés comme des policiers

Plusieurs personnes du camp ont indiqué avoir été molestées et menacées avec des armes à feu, une femme précisant avoir été obligée de se déshabiller. L'agression aurait duré une demi-heure, les hommes cagoulés tirant en l'air à plusieurs reprises. Les habitants du camp ont précisé que leurs agresseurs «étaient habillés comme des policiers».

«Ces familles ne pourront jamais oublier ce qu'elles ont vécu. Le plus dramatique est que ces hommes sont repartis avec les papiers d'identité de plusieurs personnes du camp», a indiqué à Annick Omond, du Collectif de soutien aux familles roms de la plaine de Triel-Chanteloup.

Une trentaine de familles roms, menacées d'expulsion, vivent depuis plusieurs années dans des conditions précaires sur un terrain privé dans la plaine de Triel-sur-Seine. Elles réclament un autre terrain pour pouvoir vivre dans de meilleures conditions et notamment être raccordées à un réseau d'eau potable."

http://www.20minutes.fr/article/615757/societe-enquete-apres-etrange-intrustion-camps-roms

Des méthodes de S.A nazis ! Si nous ne nous y opposons, nous glisserons vers ça :

Triangle des tsiganes
Le triangle accroché aux Tsiganes dans les camps.


mardi 19 octobre 2010

L'évidence niée : les Roms sont fichés en France

Rue89 publie un fichier « Roms » de la gendarmerie



« Des fichiers de Roms, il n'y en a jamais eu », assurait le 9 octobre à Rue89 le général Morel. L'ancien responsable entre 1997 et 2004 de l'OCLDI (Office central de lutte contre la délinquance itinérante) entendait ainsi contredire les documents internes à son service, publiés deux jours plus tôt par LeMonde.fr et Rue89, faisant état de nombreuses mentions d'un « fichier Mens » (Minorités ethniques non-sédentarisées), un fichier de Roms illégal car non-déclaré et ethnique.

Rue89 s'est cependant procuré une nouvelle preuve attestant de la réalité de la collecte de telles informations au sein de la gendarmerie nationale : un programme informatique recensant les Roms, non-déclaré à la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés). Sur la page d'accueil de ce programme, sous l'intitulé « fichiers », figure le nom « Roms ».

Le caractère ethnique de ce fichier ne fait pas non plus place au doute. N'y figurent que des Roms, qu'ils soient Roumains, Polonais, Yougoslaves, Hongrois, etc. C'est donc d'abord le caractère ethnique de ces personnes qui leur vaut leur présence dans ce fichier, avant leur nationalité. Ce qui est contraire à toutes les réglementations françaises et européennes.

Rue89 a navigué plusieurs heures durant dans ce programme informatique, dont nous avons obtenu copie et qui fourmille de renseignements : de la filiation de la personne à ses fréquentations, via son surnom, le modèle et l'immatriculation de sa voiture, le nom de son conjoint, etc. Ce programme a été utilisé du début des années 90 jusqu'en l'an 2000 au moins (nous n'avons pas de preuve pour les années suivantes), et a été alimenté par une brigade de gendarmerie en France proche de nombreux camps de Roms.

Selon nos informations, cette brigade faisait régulièrement remonter les mises à jour des fichiers contenus dans ce programme à sa hiérarchie départementale et nationale.
« Ordre de conserver les données sur des disquettes »
« Il s'agit bien entendu d'un fichier clandestin », affirme un gendarme passé par la brigade en question, qui confirme point par point à Rue89 :

« Dès les années 80, on notait sur des fiches cartonnées les Roms du coin. Ça a pris de l'ampleur au début des années 90 : des techniciens sont venus de l'autre bout de la France nous installer ce programme informatique.

On y a entré les Roms du coin, puis ceux du département, puis ceux de toute la France, pour qu'on puisse faire des recoupements. Ceux qui ont été condamnés, mais aussi ceux qui ont été interpellés ou même seulement contrôlés. On pouvait garder dans notre ordinateur le programme qui exploitait les données, mais seulement le programme vierge. On avait ordre de conserver les données sur des disquettes.

Ces disquettes remontaient à la BDRJ [Brigade départementale de renseignements et d'investigations judiciaires, ndlr] qui faisait ensuite remonter au STRJD. La Cildi en a eu aussi connaissance puisqu'elle nous a appelés plusieurs fois pour faire avoir des renseignements sur les Roms. »

« Pas permis d'avoir ce type de données collectées »
Impossible de savoir si ce programme existe toujours, si d'autres brigades de gendarmerie en France proches d'autres camps de Roms utilisent ou utilisaient un programme identique, si l'OCLDI synthétise ou synthétisait de telles informations au niveau national ; puisque la gendarmerie nationale nie l'existence de fichiers ethniques à tous les étages hiérarchiques.

Une centralisation apparaît néanmoins plus que probable, au vu de ce tableau de synthèse réalisé en 2004 par la Cildi (Cellule interministérielle de lutte contre la délinquance itinérante, ancêtre de l'OCLDI), qui use du même découpage que ledit programme informatique : les Roms sont d'abord classés par leur ethnie, avant leur nationalité.

Après des contrôles effectués auprès des services centraux de l'OCLDI et du STRJD (Service technique de recherches judiciaires et de documentation), suites aux révélations dans les médias et la plainte des quatre principales associations de Roms et de gens du voyage représentées par Me Françoise Cotta, William Bourdon et Henri Braun, la Cnil a indiqué jeudi avoir constaté des transmissions « d'informations » mais pas de « fichier structuré » :

« La pratique de transmission massive d'informations des unités territoriales à destination de certains services centraux de la gendarmerie, qui a été constatée par la Commission, constitue également un traitement de données à caractère personnel au sens de la loi.
[Mais] lors de cette première phase de contrôles, aucun fichier structuré regroupant des données à caractère personnel relatives aux “Roms” et organisé autour de cette notion n'a été décelé. »

Il ne s'agit toutefois que d'un « rapport préliminaire » qui « ne préjuge pas des résultats de contrôles qui doivent être encore opérés dans les prochains jours ». D'ailleurs, la même Cnil, à qui Rue89 a depuis montré des captures d'écran de ce programme informatique, qui est lui structuré, nous a répondu à la question de savoir s'il s'agissait, selon elle, d'un fichier ethnique illégal :

« A priori, les fichiers déclarés ne permettent pas d'avoir ce type de données collectées. »

Le général Morel, lui, persiste : « Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu des tableaux comme celui-là. » Également contacté, le Sirpa gendarmerie (Service d'information et de relations publiques des armées) rétorque qu'« il n'y aura aucun commentaire » sur ce fichier « Roms ».

Combien de temps encore l'OCLDI, la gendarmerie nationale et le ministère de l'Intérieur pourront-ils nier l'évidence ?

http://yerouchalmi.web.officelive.com/images/rom_securite_sarkozy_inside.jpg

jeudi 14 octobre 2010

Un enfant rrom témoigne

http://www.ladepeche.fr/content/photo/biz/2010/09/04/photo_1283606817296-10-0_zoom.jpg

Darius a 9 ans. Il se tient devant la porte grillagée du terrain aménagé. Les autres enfants jouent à l’intérieur… La nuit arrive. Darius entre et ressort, entre à nouveau… puis sort sur le trottoir. Il regarde au loin, au bout de cette rue toute droite qui traverse la ville. Il attend peut être son père… Le matin de ce même jour, son père a été arrêté par la police, devant lui. Il raconte ainsi :

« On est allé téléphoner avec papa. A la cabine à côté d’Intermarché. Papa a appelé en Roumanie, la famille. Il y avait de la police partout. Mon père a dit que je ne devais pas avoir peur. La police ne nous arrête plus. On est sur le terrain et on a le droit. La police était partout et elle a arrêté plein de gens Quand mon père est sorti de la cabine, les policiers sont venus vers lui, ils l’ont placé sur le mur et ils ont mis des menottes. J’ai crié, j’ai eu peur. Un policier m’a pris par la main. Il m’a emmené sur le terrain. Il parlait doucement. Les autres policiers ont crié après mon père et l’ont emmené. Mon père a dit : "à tout à l’heure… ils vont me relâcher. "

Darius attend toujours et sa maman vient le chercher pour qu’il entre dans la caravane. Elle pleure.

Ces familles ont été installées sur un nouveau terrain dans le cadre d'un programme d'insertion (soutenu par la municipalité de Choisy le Roi, la Fondation Abbé Pierre, Coup de Main et le comité de soutien composé de nombreuses organisations et citoyens), après l’expulsion de leur terrain, en Août 2010, et leur hébergement provisoire dans un gymnase. Elles commençaient à trouver un peu de calme et de l’espoir pour une vie meilleure…

Puis arrive l’arrestation Doru Novacovici, le père de Darius. Il a été arrêté dans le cadre d’un contrôle policier pour des bagarres dans le quartier, dans lesquelles il n’était pas impliqué... Menotté devant son fils, son seul délit : ne pas être en situation régulière.

L'OQTF remis à Doru, le 12 Aout, au moment de l'expulsion du terrain a été contesté. Le recours a été validé par le Tribunal Administratif de Melun, la convocation ne va pas tarder à lui être remise. Il n'est pas utile que Doru soit en rétention pour attendre le jugement, à moins que la préfecture n’ait décidé d'accélérer les procédures !

La vague d'expulsions se poursuit et se transforme en un véritable harcèlement contre les Roms qui n'ont plus d'autre alternative que de rester cachés...

Comment faire pour accompagner les enfants à l'école ? Faire des courses, faire des démarches pour l'emploi, la santé, ... si chaque fois qu'une personne sort de son terrain, elle risque l'arrestation et le placement en rétention?

Doru vit en France depuis plus de 10 ans. Il fait partie de ce groupe de musiciens qui était en tête de la manifestation du 4 septembre à Paris, contre la xénophobie d'État..

Communiqué par Michel Fèvre, Romeurope 94