mardi 31 août 2010

Roms, unique objet de leur ressentiment...

Les mots font mal, les mots...
C'est avec les mots qu'on fait bouger les foules...
Les mots sont bien des êtres vivants.
Les mots font mal, les mots... Guy Béart

Rroms, Rroms, Rroms...
les mots ronflent !
les mots tournent !Afficher l'image en taille réelle
les mots nous prennent la tête!

Après les amalgames,
après la honte,
voici venu le mensonge :
d'un drame, on a fait une mode !

Le mot le plus utilisé en France,
durant ce lourd mois d'août,
aura été le mot Rrom, nous dit-on.
Et pourquoi donc ?

Pourquoi le malheur est-il mis en vedette ?
Pourquoi la souffrance est-elle un spectacle ?
Pourquoi a-t-on fait des Rroms un enjeu ?
Pourquoi les Rroms sont-ils devenus symbole ?



Autant victimes de mots que de menaces,
les Rroms, comme une balle qu'on se renvoie,
sont objets de débats,
et non sujets dont compte le sort.

Qu'on ne les plaigne pas, ces Rroms,
qui ont une longue expérience des gadjé.
Ils savent déjà n'avoir rien à espérer
mais avoir toujours tout à construire.

Car Rroms ils sont.
Et ils sont en Europe.
Ils sont là où il y a de l'Europe.
Ils sont la mauvaise conscience de l'Europe.

La solidarité impuissante des gens de cœur,
les mots habiles des professionnels du verbe,
la fausse compassion des incapables émotifs,
Qu'est-ce face à la réalité des administrations obéissantes...?



Les Rroms sont de mauvais consommateurs,
des inaptes au travail tel que le définit l'État,
des indociles, des insoumis, des rebelles,
inintégrables, ils suscitent donc la haine.

Le ressentiment des riches et des puissants
est inextinguible devant ces contradicteurs muets.
Le Rrom est le type même de ce qu'ils ne veulent pas voir.
Le loup s'est libéré le 28 juillet 2010 et mord.

Mais qu'est-ce qu'un loup face à un peuple ?
Un peuple sans État mais un peuple à jamais.
La résilience des Rroms les fait maîtres du temps
et l'humour, contre la violence, fera le reste...


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lundi 30 août 2010

L'ONU, via le CERD, interpelle la France.

Sous la politesse diplomatique se cache une mise en garde sévère adressée à la France. On trouvera, c-dessous, le document (non publié) qui est paru fin août 2010. Les parties qui concernent directement les Roms sont en bleu.

Le Collectif de soutien aux famille rroms de Roumanie.



Comité pour l’élimination de la discrimination raciale

Soixante-dix-septième session
2-27 août 2010

Examen des rapports présentés par les États parties conformément à l’article 9 de la Convention

Observations finales du Comité pour l’élimination
de la discrimination raciale

France

1. Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale a examiné les dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième rapports périodiques de la France (CERD/C/FRA/17-19), présentés en un seul document, à ses 2026e et 2027e séances (CERD/C/SR.2026 et CERD/C/SR.2027), tenues les 11 et 12 août 2010. À ses 2044e et 2045e séances (CERD/C/SR.2044 et CERD/C/SR 2045), tenues les 24 et 25 août 2010, le Comité a adopté les observations finales ci-après.

A. Introduction

2. Le Comité se félicite de la haute qualité du rapport détaillé et complet soumis par l’État partie dans les délais fixés, qui a été élaboré conformément aux directives concernant l’établissement des rapports. Le Comité a en outre apprécié le dialogue franc et sincère qui a pu être mené avec la délégation et les efforts poursuivis par celle-ci pour apporter des informations détaillées à la liste des thèmes à traiter (CERD/C/FRA/Q/17-19) ainsi que des réponses à la plupart des questions posées par les membres du Comité durant le dialogue.

3. Le Comité salue la participation engagée des représentants de la société civile lors de la session ainsi que l’engagement de celle-ci dans la lutte contre la discrimination raciale.

B. Aspects positifs

4. Le Comité salue le rôle de la Commission nationale consultative des droits de l’homme tant au plan national qu’international. Il souligne l’importance des avis que cette commission émet sur des projets législatifs et invite le Gouvernement à continuer de la consulter à cet effet.

5. Le Comité salue la mise en place d’outils législatifs nécessaires à la lutte contre la discrimination raciale, tels que la loi du 5 mars 2007 sur le droit au logement opposable et celle du 25 mars 2008 sur l’égalité des chances, ainsi que la création de mécanismes étatiques pour prévenir et combattre la discrimination raciale au niveau départemental avec les commissions pour la promotion de l’égalité des chances et de la citoyenneté (COPEC), et la création de pôles anti-discriminations dans les Parquets.

6. Le Comité salue la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, qui permet depuis le 1er mars 2010 à tout justiciable de saisir le Conseil Constitutionnel de la constitutionnalité d’une loi à l’occasion d’un procès. Le Comité se félicite également de l’existence du recours en constitutionalité qui peut être engagé a priori par un groupe suffisant de parlementaires sur un projet de loi.

7. Le Comité salue les efforts entrepris par l’Etat partie pour faire de la lutte contre la discrimination et la promotion de l’égalité des chances au sein de l’enseignement une priorité nationale. Il salue à ce propos la mise en place notamment de lycées d’excellence au sein de quartiers défavorisés, de l’accompagnement personnalisé de certains élèves en difficulté, d’internats d’excellence et de l’ouverture des classes préparatoires aux grandes écoles à des élèves venant de milieux défavorisés sur la base de notes méritoires.

8. Le Comité se félicite de l’intervention du chef de la délégation qui, dans le cadre du devoir de mémoire, a rappelé que la Conférence d’examen de Durban avait été l’occasion pour la France d’exprimer le souhait que soit rappelée la mémoire des victimes de l’esclavage, de la traite des esclaves, de l’apartheid et du colonialisme.

C. Recommandation spécifique liée à la mise en œuvre d’un plan national de lutte contre le racisme

9. Le Comité prend note de l’information selon laquelle l’Etat partie prépare un plan national de lutte contre le racisme. Le Comité espère que ce plan national recevra le soutien de toutes les autorités et de toutes les parties prenantes en France. Le Comité souhaite que l’élaboration de ce plan national permette à l’Etat partie de rendre sa politique plus cohérente et plus conforme à la Convention ainsi qu’à la Déclaration et au Programme d’Action de Durban. A cet effet il recommande à l’Etat partie de prendre en considération les priorités suivantes :

a) Affiner les statistiques démographiques, en particulier celles relatives aux personnes issues de l’immigration ou issues de groupes ethniques au sens de la Convention et les indicateurs socio-économiques sur les discriminations dans l’Etat partie;

b) Identifier les victimes de discrimination raciale ;

c) Identifier les types de discriminations raciales et leurs causes ;

d) Identifier les mesures destinées à favoriser l’ascension dans la société française à tous les niveaux de personnes issues de l’immigration ou issues de groupes ethniques au sens de la Convention, leur intégration, y compris par la mise en œuvre des mesures spéciales visées aux articles 1er, paragraphe 4 et 2, paragraphe 2 de la Convention et confirmées dans la Recommandation Générale No.32 (2009) du Comité ;

e) Harmoniser et consolider les mécanismes existants afin de mieux traiter les problématiques liées à la discrimination raciale ;

f) Etudier et accorder une attention particulière aux populations d’outre-mer et tout spécialement à ses peuples autochtones ;

g) Pour l’efficacité du plan, nommer un haut représentant du Gouvernement qui aurait la responsabilité de sa mise en œuvre et aussi celle de conseiller le Gouvernement sur toute sa politique de prévention et de lutte contre la discrimination raciale.

D. Sujets de préoccupation et recommandations

10. Le Comité s'inquiète de la tenue de discours politiques de nature discriminatoire en France. Le Comité est en outre préoccupé de noter une augmentation récente des actes et manifestations à caractère raciste et xénophobe sur le territoire de l’État partie ainsi que sur le développement de discours racistes sur internet.

Le Comité recommande à l’État partie, lorsqu’il aborde des questions liées aux composantes ethniques, raciales, culturelles ou étrangères de la population, d’affirmer dans ses discours et ses actions toute sa volonté politique en faveur de la compréhension, la tolérance et l’amitié entre nations, groupes raciaux ou ethniques. Le Comité recommande en outre à l’État partie d’intensifier ses efforts afin de combattre et d’enrayer la montée du racisme et de la xénophobie en utilisant tous les moyens, notamment en condamnant fermement tous discours racistes ou xénophobes émanant des responsables politiques et en prenant les mesures appropriées pour combattre la prolifération d’actes et manifestations racistes sur internet (articles 2, 4 et 7).

11. Le Comité est préoccupé par des informations selon lesquelles des mesures pourraient être prises dans les domaines de la citoyenneté avec des conséquences discriminatoires fondées sur l’origine nationale.

Le Comité recommande à l’Etat partie de s’assurer conformément à l’article 1, paragraphe 3 de la Convention, que toute mesure prise dans ce domaine n’ait pas pour effet de discriminer contre une nationalité quelconque.

12 Le Comité prend note des dispositions de l'article premier de la Constitution de l'État partie selon lequel la France est une République indivisible qui assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion, ce qui constitue la raison invoquée par l'État partie pour ne pas procéder à un recensement de la population fondé sur des indicateurs ethniques ou raciaux.

Le Comité réitère sa position selon laquelle la collecte de données statistiques a pour objectif de permettre aux États parties d'identifier et d'avoir une meilleure connaissance des groupes ethniques présents sur leur territoire, des types de discriminations dont ils sont ou peuvent être victimes, d'apporter les réponses et les solutions adaptées aux formes de discriminations identifiées et enfin de mesurer les progrès effectués. Le Comité recommande donc à l’État partie, conformément à ses Recommandations générales No. 24 (1999), concernant l'article premier de la Convention, et No. 30 (2005), concernant la discrimination à l'égard des non ressortissants, de procéder au recensement de la population de l'État partie sur la base d’une auto-identification ethnique ou raciale des individus, qui soit purement volontaire et anonyme.

13. Le Comité constate avec regret que, malgré les politiques récentes engagées en matière de lutte contre la discrimination raciale dans les domaines du logement et de l’emploi, les personnes issues de l’immigration ou issues de groupes ethniques au sens de la Convention continuent d’être victimes de stéréotypes et de discriminations de toutes sortes, qui font obstacle à leur intégration et à leur progression à tous les niveaux de la société française.

Le Comité recommande à l'État partie de poursuivre ses efforts pour permettre une progression sociale des personnes issues de l’immigration ou issues de groupes ethniques au sens de la Convention dans tous les domaines, y compris à travers un plus grand nombre de nominations de personnes qualifiées issues de ces groupes à des postes d’autorité dans la sphère économique et au sein de l'État (articles 5 et 7).

14. Le Comité s'inquiète de la montée des manifestations et des violences à caractère raciste envers les Roms sur le territoire de l'État partie. Il prend note de la déclaration faite par l’Etat partie lors du dialogue avec le Comité, selon laquelle aurait été mis en place un cadre régissant le retour volontaire des Roms dans leurs pays d’origine. Le Comité note que depuis la présentation de son rapport par l’Etat partie, des informations font état de ce que des Roms ont été renvoyés de manière collective dans leurs pays d’origine, sans que n’ait été obtenu le consentement libre, entier et éclairé de tous les individus concernés.

Le Comité rappelle à l'État partie ses déclarations et lui recommande de veiller à ce que toutes les politiques publiques concernant les Roms soient bien conformes à la présente Convention, d’éviter en particulier les rapatriements collectifs et d’œuvrer à travers des solutions pérennes au règlement des questions relatives aux Roms sur la base du respect plein et entier de leurs droits de l’homme (articles 2 et 5).

15. Le Comité est aussi préoccupé par la situation difficile des membres de la communauté Rom quant à l’exercice de leurs droits économiques, sociaux et culturels.

Le Comité invite instamment l’Etat partie à garantir l’accès des Roms à l’éducation, à la santé, au logement et autres infrastructures temporaires dans le respect du principe d’égalité et de prendre en considération à cet égard la Recommandation Générale No. 27 (2000) du Comité sur la discrimination à l’égard des Roms.

16. Le Comité reste très préoccupé par les difficultés rencontrées par les « gens du voyage », notamment dans leur liberté de circulation, l’exercice du droit de vote, l’accès à l’éducation et à un logement décent. A ce sujet, le Comité note avec préoccupation que malgré les recommandations formulées dans ses précédentes observations finales, l’État partie n’a toujours pas mis à la disposition des "gens du voyage" le nombre nécessaire d’aires d’accueil conformément à la loi du 5 juillet 2000 dite « loi Besson ». Le Comité se préoccupe aussi de l'obligation légale pour les "gens du voyage" de se munir d'un titre de circulation à renouveler périodiquement.

Le Comité invite instamment l’Etat partie à assurer aux « gens du voyage » l'égalité de traitement en matière de droit de vote et d'accès à l'éducation. Le Comité recommande la mise en œuvre accélérée de la « loi Besson » afin que la question d’aires illégales de stationnement ne se pose plus. Le Comité recommande également l'abolition des titres de circulation des « gens du voyage » afin de garantir une égalité de traitement entre tous les citoyens de l'État partie (articles 2 et 5).

17. Compte tenu du fait que l’Etat partie a accepté le principe de diversité linguistique et culturelle, le Comité se préoccupe de la mise en œuvre partielle de ce principe sur le territoire français.

Le Comité recommande à l’Etat partie d’intensifier ses efforts afin de garantir à tous, sans distinction de race, de couleur ou d’origine ethnique, le droit de prendre part, dans des conditions d’égalité, aux activités culturelles (article 5 (e) (vi)).

18. Tout en appréciant les explications détaillées fournies par l’État partie sur les efforts entrepris dans les territoires d’outre-mer pour permettre une meilleure représentativité ainsi qu’une plus grande autonomie des peuples autochtones, le Comité se préoccupe du fait que le système actuel ne permet pas la reconnaissance de droits collectifs aux peuples autochtones, notamment s’agissant du droit ancestral à la terre. Le Comité est également préoccupé des difficultés grandissantes de certains habitants des territoires d'outre-mer d'accéder sans discrimination à l’éducation, l’emploi, le logement et la santé.

Le Comité recommande à l’État partie de permettre une reconnaissance de droits collectifs aux peuples autochtones, surtout en matière de droit de propriété. Il recommande en outre à l'État partie de prendre les mesures législatives nécessaires en vue de la ratification de la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux. Le Comité recommande également à l'État partie d'intensifier ses efforts afin de permettre l'égalité d'accès à l'éducation, au travail, au logement et à la santé dans les territoires d'outre-mer (article 5).

19. Le Comité prend note du projet de loi sur le Défenseur des droits, mais il se préoccupe de la multiplicité des fonctions assumées par cette nouvelle institution et craint que le mandat de lutte contre les discriminations y compris la discrimination raciale, actuellement dévolu à la H.A.L.D.E ne soit plus que l’un des éléments du mandat du Défenseur des droits.

Conformément à sa recommandation sur le plan national de lutte contre la discrimination raciale, le Comité, tout en souhaitant une plus grande coordination entre les mécanismes étatiques pour traiter les problématiques liées à la discrimination raciale, recommande de maintenir une institution indépendante distincte ayant pour mandat la lutte contre les discriminations y compris la discrimination raciale. A cet égard, le Comité souligne l’importance du rôle de la H.A.L.D.E dans la lutte contre les discriminations, notamment la discrimination raciale (article 2).

20. Le Comité note avec satisfaction les progrès réalisés par l’État partie pour donner effet aux précédentes observations finales du Comité s’agissant de la question des pensions des anciens combattants (CERD/C/FRA/CO/16, par. 24). Il note également la décision du Conseil Constitutionnel du 28 mai 2010 déclarant comme contraire au principe d’égalité de traitement certaines dispositions des lois de finances de 1981, 2002 et 2006 en la matière.

Le Comité encourage l’État partie, à permettre la pleine application de cette décision, en veillant à ce que tous les anciens combattants, quel que soit leur lieu de résidence actuelle ou leur nationalité, soient traités de manière égale et prie instamment l’Etat partie de s’assurer de ce que toutes les lois de finance adoptées à l’avenir ne soient plus de nature discriminatoire à l’égard des anciens combattants (article 5).

21. Ayant à l’esprit le caractère indivisible de tous les droits de l’homme, le Comité encourage l’État partie à considérer les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme auxquels il n’est pas encore partie, en particulier ceux dont les dispositions ont un effet direct sur la question de la discrimination raciale, tels que la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (1990).

22. A la lumière de sa recommandation générale No. 33 (2009) sur le suivi de la Conférence d’examen de Durban, le Comité recommande à l’État partie de donner effet à la Déclaration et au Programme d’action de Durban adoptés en septembre 2001 par la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, en tenant compte du document final de la Conférence d’examen de Durban, qui s’est tenue à Genève en avril 2009, lorsqu’il applique la Convention dans son ordre juridique interne. Le Comité le prie de faire figurer dans son prochain rapport périodique des informations spécifiques sur les plans d’action et autres mesures adoptés pour appliquer la Déclaration et le Programme d’action de Durban au niveau national.

23. Le Comité recommande à l’État partie de mettre ses rapports à la disposition du public dès leur soumission et de diffuser ses observations finales sur ces rapports dans la langue officielle et les autres langues communément utilisées, selon le cas.

24. Conformément au paragraphe 1 de l’article 9 de la Convention et à l’article 65 de son règlement intérieur modifié, le Comité prie l’État partie de fournir, dans un délai d’un an à compter de l’adoption des présentes observations finales, des informations sur la suite qu’il aura donnée aux recommandations qui figurent aux paragraphes 9, 14 et 16 ci-dessus.

25. Le Comité souhaite également attirer l’attention de l’État partie sur l’importance particulière des recommandations contenues dans les paragraphes 12, 13 et 18 et le prie de faire figurer dans son prochain rapport périodique des informations détaillées sur les mesures concrètes et appropriées qu’il aura prises pour mettre en œuvre et de manière effective ces recommandations.

26. Le Comité recommande que les vingtième et vingt-et-unième rapports périodiques de l’État partie soient soumis en un seul document, d’ici le 27 août 2012 et soient élaborés en tenant compte des directives pour l’établissement du document se rapportant spécifiquement à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale adoptées par le Comité à sa soixante et onzième session (CERD/C/2007/1), et que ce document porte sur tous les points soulevés dans les présentes observations finales. Le Comité l’engage également à respecter la limite de 40 pages imposée pour les rapports présentés au titre d’un traité particulier et la limite de 60 à 80 pages imposée pour le document de base (voir les directives harmonisées données au paragraphe 19 du document HRI/GEN.2/Rev.6).


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dimanche 29 août 2010

Continuons à mettre "les points sur les i" !

Dans Le Journal d'un avocat (1), Maître Éolas, propose un billet fort intéressant (même s'il contient plusieurs approximations ou erreurs qui n'invalident pas tout le texte -voir les remarques en violet-). Nous le publions parce qu'il prouve que l'information avance dans les médias et que c'est le moment de mettre "les points sur les i". Nous violons, ainsi, un interdit (la publication complète d'un article). Le rédacteur de ce document nous pardonnera. Nous l'espérons. Rien n'est à cacher sur le sujet, surtout en ce moment.
Le Collectif de soutien aux familles rroms de Roumanie.

http://infokiosques.net/IMG/arton356.jpg

(1) http://www.maitre-eolas.fr/post/2010/08/28/Roms%2C-uniques-objets-de-mon-ressentiment%E2%80%A6-%28Acte-I%29#comments

Le Gouvernement a donc décidé, pour des motifs d’opportunité politique assez évidents sur lesquels je ne m’étendrai pas, ayant assez de choses à dire par ailleurs, de mettre en œuvre une politique d’expulsion, au sens premier du terme : « pousser dehors », les Roms étrangers vivant en France.


Ils sont fous, ces Roms, hein ?

Avant d’aller plus loin, qu’est-ce qu’un Rom ? Rom vient du mot Rrom, en langue romani (l’orthographe a été amputée d’une lettre en français, la double consonne initiale n’existant pas dans cette langue), qui signifie « homme » au sens d’être humain (féminin : Roma ; pluriel : Romané). Il s’agit d’un peuple parti, semble-t-il (la transmission de la culture étant orale chez les Roms, il n’existe pas de source historique fiable, mais tant la langue romani parlée par les Roms que la génétique confirme l’origine géographique indienne), du Nord de l’Inde (Région du Sindh, dans l’actuel Pakistan, et du Penjab pakistanais et indien) aux alentours de l’an 1000 après Jésus-Christ, sans doute pour fuir la société brahmanique de l’Inde qui les rejetait comme intouchables (c’est donc une vieille tradition pour eux que d’être regardés de travers par leur voisin). (Ceci est faux ! J-P D)

Ils sont arrivés en Europe via la Turquie au XIVe siècle, suivant les invasions des Tatars et de Tamerlan, et s’installèrent dans l’Empire byzantin (qui les appelle Ατσίγγανος , Atsinganos, « non touchés », du nom d’une secte pré-islamique disparue, dont les zélotes refusaient le contact physique ; quand les Roms arrivèrent, les byzantins, qu’on a connu plus rigoureux dans leur réflexion, les prirent pour des membres de cette secte), ce qui donnera tsigane, Zigeuner en allemand et Zingaro en italien. Ceci explique que leur foyer historique se situe dans les actuelles Turquie, Roumanie, Bulgarie, pays qui restent les trois principales populations de Roms, et dans les Balkans (ex-Yougoslavie).

Outre des professions liées au spectacle ambulant, les Roms se sont spécialisés dans des professions comme ferronniers et chaudronniers, Γύφτοs, Gyftos, ce qui donnera Gypsies en anglais, Gitano en espagnol, et Gitan et Égyptien en Français (dans Notre Dame de Paris, la Recluse appelle Esmeralda « Égyptienne » ; et Scapin appelle Zerbinette « crue d’Égypte »). (Hypothèse discutable aussi : les "Égyptiens" devenus Gitans ou Gypsies venaient a-t-on cru, d'Égypte alors qu'ils passaient par "la petite Égypte", territoire de Grèce)

Le roi de Bohême (actuelle république Tchèque) leur accordera, au XVe siècle, un passeport facilitant leur circulation en Europe, d’où leur nom de Bohémiens. De même, le Pape leur accordera sa protection (Benoît XVI est donc une fois de plus un grand conservateur)? (On cherche encore, en vain, dans les "caves du Vatican" la preuve de cette protection !). Leur arrivée en France est attestée à Paris en 1427 par le Journal d’un Bourgeois de Paris (qui leur fit très bon accueil) — C’est d’ailleurs à cette époque que se situe l’action du roman d’Hugo ,Notre Dame de Paris.

Pour en finir avec les différents noms qu’on leur donne, Romanichel vient du romani Romani Çel, « groupe d’hommes » (on dit aussi : ... de Romano tchave, le peuple des Roms), Manouche semble venir du sanskrit manusha, « homme », soit le mot Rrom en romani, et Sinti semble venir du mot Sind, la rivière qui a donné son nom à la province du Sindh dont sont originaires les Roms. Sinti et Manouche désignent la même population rom établie dans les pays germanophones et presque intégralement exterminés lors de la Seconde guerre mondiale C’est pourquoi le mot Tsigane, évoquant l’allemand Zigeuner, d’où le Z tatoué sur les prisonniers roms, est considéré comme blessant aujourd’hui .

Il convient ici de rappeler que les Roms ont été, aux côtés des Juifs, les cibles prioritaires de la politique d’extermination nazie. Le nombre de victimes du génocide, que les Roms appellent Samudaripen (« meurtre collectif total »), se situe aux alentours de 500 000, avec pour les Sinti allemands entre 90 et 95% de morts.

Ces mots peuvent être utilisés indifféremment pour désigner les Roms, encore que les siècles d’installation dans des pays différents ont fait apparaître des différences culturelles profondes. Même la langue romani n’est plus un dénominateur commun, puisque les Roms d’Espagne et du sud de la France, les Gitans, parlent le kalo, un sabir mâtiné d’espagnol, depuis qu’une loi espagnole punissait de la mutilation de la langue le fait de parler romani (les Espagnols ont un atavisme profond avec les langues, mais c’est un autre sujet).

En 1971 s’est tenu à Londres le Congrès de l’Union Rom Internationale (IRU) qui a adopté le terme de « Rom » pour désigner toutes les populations du peuple rom, d’où l’usage de ce terme dans ce billet (ce que les gitans refusent, eux se disent kalé). Le mot Rom ne vient donc absolument pas de Roumanie, ni de Rome, bien que ce peuple se soit installé en Roumanie et auparavant dans l’Empire romain d’Orient.

Je ne puis conclure ce paragraphe sans vous inviter à lire les commentaires de cet article, où je ne doute pas que des lecteurs plus érudits que moi apporteront de précieuses précisions ou, le cas échéant, rectifications.

Tous les chemins mènent aux Roms

Les Gens du voyage sont-ils des Roms ? En un mot, non. Le nomadisme n’est pas une tradition chez les Roms, mais une nécessité historique. Aujourd’hui , entre 2 et 4% des Roms sont du voyage, c’est-à-dire ont fait le choix d’une vie nomade. Et beaucoup de gens du voyage ne sont pas roms, comme les Yéniches, que l’on prend souvent pour des Roms. Les forains sont aussi nomades, mais du fait de leur profession, et pour la plupart ne sont pas Roms. Et si demain, il vous prenait la fantaisie de vivre une vie nomade, vous deviendriez aussitôt Gens du Voyage, sans pour autant devenir Rom (sauf aux yeux des lecteurs du Figaro). Un abus de langage est apparu du fait que la Constitution française interdit toute distinction sur une base ethnique. Le terme de Gens du Voyage, neutre de ce point de vue, est souvent employé aux lieu et place du mot Rom. Or ce ne sont pas des synonymes.

Ce qui d’emblée montre que le problème des occupations illégales de terrains, publics ou privés, par des Roms ne vient pas uniquement du fait que la loi Besson (pas Éric, non, celui qui est resté de gauche, Louis) du 5 juillet 2000, qui oblige les communes de plus de 5000 habitants à prévoir des aires d’accueil, est allègrement ignorée par la majorité des maires.

Quand un Rom viole la loi, c’est mal. Quand l’État viole la loi, c’est la France. Laissez tomber, c’est de l’identité nationale, vous ne pouvez pas comprendre.

La majorité des Roms en France sont Français, et leur famille l’est même depuis plusieurs siècles. Les Roms ont de tout temps adopté le style de vie des pays où ils se sont installés, jusqu’à la religion (ils sont catholiques en France, protestants en Allemagne, musulmans en Turquie et dans les Balkans), et il ne viendrait pas à l’idée d’un Rom de donner à ses enfants un prénom qui ne soit pas du pays où il nait (lire les prénoms des enfants d’une famille rom permet parfois de retracer leur pérégrination ; exemple : Dragan, Mikos, Giuseppe, Jean-Pierre). Cela ne les empêche pas de garder vivace la tradition rom, à commencer par la langue romani, et l’importance primordiale de la famille élargie (la solidarité n’est pas un vain mot chez les Roms). Il est d’ailleurs parfaitement possible qu’un de vos collègues de travail soit Rom et que vous ne l’ayez jamais soupçonné.

Naturellement, ces Roms ne sont pas personnellement menacés par la politique actuelle, même s’il est probable qu’ils la vivent assez mal.

Les Roms étrangers sont donc quant à eux des migrants qui veulent une maison qui ne bouge pas, et habitent des habitations de fortune, triste résurgence des bidonvilles. Ils viennent de pays qui ont toujours refusé l’intégration des Roms, en faisant des parias dans leur propre pays. Même si l’intégration à l’UE de ces pays a conduit à un changement total de politique, les états d’esprit, eux n’ont pas changé, et le rejet répond hélas souvent au rejet. Certains Roms se sont sédentarisés et tant bien que mal intégrés, comme les Kalderashs (du roumain Căldăraşi, chaudronniers, habiles travailleurs du métal, en particulier du cuivre) ; d’autres, comme les nomades, (l'auteur explique, plus haut que la mobilité des Roms est une "nécessité"; c'est exact. Abandonnons alors le mot nomades ! Les Roms ne sont pas des nomade) forment une société fermée et hostile aux gadjé — aux non-Roms. La plupart des Roms de Roumanie qui viennent en France sont des kalderashs, et non des nomades, fuyant la misère et le rejet dont ils font l’objet dans leur pays. Donc, pas des gens du voyage.

Les Roms des Balkans (ils sont nombreux en Serbie et au Kosovo) fuient eux aussi la misère, même si certains demandent l’asile (très peu l’obtiennent) prétendant faire l’objet de persécutions. Il faut reconnaître que lors de la guerre du Kosovo en 1999, des Roms ont été recrutés par les troupes serbes pour se livrer à des opérations militaires de nature à intéresser le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), et se sont acquittés de cette tâche avec un zèle qui n’a pas laissé de très bons souvenirs auprès des populations kosovares (j’entends par là : Albanais du Kosovo). (Partiellement faux : il ne faut pas imputer à tous les Roms , attachés à Tito, trompés par les Serbes, ces crimes et, par ailleurs, les Roms du Kosovo sont, eux aussi des Kosovars !)

Des Roms, des stats et de la bière nom de Dieu

Une question se pose, et je ne tiens pas à l’éluder : celle des Roms et de la délinquance. Le lien est certain, les chiffres ne mentent pas. Partout en Europe, les Roms sont bien plus victimes de la délinquance que les autres populations. Destructions de biens, agressions racistes, sur lesquelles les autorités ferment bien volontiers les yeux, d’autant plus que les Roms, on se demande pourquoi, ont développé à leur encontre une certaine méfiance, quand ce ne sont pas des pogroms (Maladresse d'écriture : les Roms subissent ces pogroms et ne s'y livrent pas !). Sans compter les crimes contre l’humanité subis par ce peuple, que ce soit le génocide nazi ou la réduction en esclavage en Valachie et en Moldavie —oui, des esclaves en Europe— jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle.

Ce n’est pas une boutade, c’est une réalité : la délinquance, les Roms en sont d’abord victimes. On a déjà vu que même en France, État de droit imparfait mais État de droit, l’État ne respecte pas la loi Besson. Vous verrez dans la suite de ce billet qu’au moment où je vous parle, il fait encore pire à leur encontre puisque la politique d’expulsion mise en œuvre est illégale. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les juges administratifs. L’Union européenne l’a remarqué. Le Conseil de l’Europe l’a remarqué. L’ONU l’a remarqué. Le Pape l’a remarqué. L’UMP n’a rien remarqué.

Mais n’esquivons pas la question de la délinquance de Roms. De Roms, pas des Roms. Elle existe, c’est indéniable, ne serait-ce du fait qu’aucun groupe humain n’est épargné. Est-elle plus élevée que dans les autres groupes sociaux ? C’est probable.

Évacuons rapidement une question sur laquelle je reviendrai dans le prochain billet : l’occupation sans droit ni titres de terrains publics ou privés. Il ne s’agit pas de délinquance, puisqu’au pire (occupation d’un terrain public), ces faits sont punis d’une contravention de grande voirie.

Les causes premières de la délinquance, au-delà du mécanisme intime et personnel du passage à l’acte, qui fonde la personnalisation de la peine, sont la pauvreté (liée au chômage ou à la précarité de l’emploi ; un CDD est aussi rare dans une audience correctionnelle que la vérité dans la bouche d’Éric Besson), l’exclusion (qu’entraîne mécaniquement le fait d’être sans-papier, notamment), le faible niveau d’instruction (qui empêche d’accéder aux professions rémunératrices), outre le fait que la délinquance concerne surtout des populations jeunes (le premier enfant a un effet remarquable sur la récidive).

Vous avez remarqué ? Je ne viens pas de vous dresser un portrait du jeune Versaillais. Plutôt celui du jeune Rom des terrains vagues. Ou du jeune des cités, soit dit en passant pour la prochaine fois ou on tapera sur eux. À vous de voir avec votre conscience si vous voulez y ajouter une composante génétique.

Parce qu’aucune statistique n’existe sur la délinquance des Roms. Aucune. Tout simplement parce que ce serait interdit : Rom est une origine ethnique, or la loi prohibe la constitution de fichier sur des bases ethniques ou raciales — suite à un précédent quelque peu fâcheux.

Donc quand le ministre de l’intérieur Brice Hortefeux, que l’on a connu plus méticuleux en matière d’arithmétique ethnique, prétend présenter des statistiques de la délinquance des Roms pour justifier la politique du Gouvernement, il ment. Je sais, ça devient une tradition de ce Gouvernement, mais que voulez-vous, je n’arrive pas à m’y faire. Quelqu’un, je ne sais plus qui, m’a mis dans la tête l’idée saugrenue de République exemplaire, du coup, je fais un blocage.

Le ministre de l’intérieur a cru devoir présenter publiquement (sur RTL) le 25 août des statistiques fondées sur « une étude des services de police », non sur l’origine ethnique, interdite, mais sur la nationalité du délinquant, roumaine en l’occurrence.

Mes lecteurs ayant suivi jusqu’ici ont déjà compris l’inanité de l’affirmation. Rom ne veut pas dire Roumain, et le ministre joue ici sur la ressemblance des termes, et l’inculture de son auditoire. Mes lecteurs sachant faire la différence entre un mot sanskrit et un mot latin, je ne m’attarderai pas sur ce stratagème grossier, qui ne trompera que qui veut être trompé.

De plus, les services de police, même si on leur fait perdre un temps précieux depuis des années à collectionner des statistiques inutiles hormis à la communication gouvernementale, ne sont pas un service de statistique. La méthode de récolement des données n’a rien de scientifique et n’a jamais eu la prétention de l’être. Elle repose sur les délits constatés ou dénoncés, ayant donné lieu à élucidation. Donc préalablement à enquête. Or la distribution des effectifs et des moyens (limités, et de plus en plus du fait de ce même Gouvernement) dépend pour l’essentiel des directives données par ce même Gouvernement.

Je m’explique. Le Gouvernement estime que l’opinion publique, qu’il confond hélas trop volontiers avec le peuple souverain, est particulièrement remontée contre les vols à la tire (les pickpockets) ou à l’arraché (qui en est une variante un peu plus bourrin) dans les transports en commun. Le ministre de l’intérieur va demander aux forces de police de mettre la pression contre cette délinquance. Le commissaire de police va recevoir cette instruction et va redistribuer ses effectifs, qui préalablement luttaient contre les violences faites aux personnes, sur les voleurs du métro. Mécaniquement, le nombre d’interpellation pour des faits de violence va baisser. Les policiers interviendront toujours lors d’une bagarre, mais n’arrêteront personne pour des faits de violences légères, puisque leur mission est de surveiller les voleurs à la tire. Un délit constaté de moins = baisse de la statistique correspondante, sans que la réalité n’ait changé en quoi que ce soit. En revanche, plus de voleurs à la tire seront arrêtés (car la police reste malgré tout plutôt efficace dans son boulot). Augmentation de la statistique, sans lien avec l’évolution de la réalité. Voilà la méthodologie qui préside à la confection de ces statistiques.

C’est pourquoi le ministre peut proclamer des chiffres aussi aberrants, et sans hélas faire tiquer qui que ce soit, qu’une augmentation de 138% en un an de la délinquance roumaine. Personne ne fait le lien avec une autre donnée, qui indique que 13,65% des auteurs de ces vols seraient Roumains (sous-entendu : Roms). C’est-à-dire que 13,65% des délinquants sont responsables d’une augmentation de 138% des délits. Qui a dit que les Roms étaient des feignants ?

D’autant plus que pour fréquenter un peu les prétoires parisiens, je suis assez bien placé pour savoir qu’il existe aussi une délinquance roumaine non-rom, assez active ces derniers mois, dite de l’escroquerie aux « Yes-card ». Une Yes-card est une fausse carte de crédit qui, quel que soit le code que vous tapez, renvoie toujours une réponse positive au lecteur, faisant croire que la banque a accepté la transaction. Des Roumains achètent ainsi des vêtements de marque et des parfums, et vont les revendre à Bucarest. C’est une atteinte aux biens, commise par des Roumains, mais pas par des Roms. Sauf dans les statistiques de M. Hortefeux.

Brisons là, ce billet mérite je pense d’être soumis à vos commentaires. Le deuxième volet sera centré sur le droit des étrangers et portera sur les mesures actuelles d’expulsion, pour lesquelles le Gouvernement use selon les cas de deux méthodes : soit violer la loi, soit se payer votre tête.

Et fort cher, si ça peut vous consoler.

samedi 28 août 2010

L'ONU condamne l'état français, mais on s'en fout !

On trouvera, ci-dessous, une information de Médiapart, complétée par plusieurs références à des articles de presse beaucoup plus "compréhensifs". La politique de la France est, certes, vigoureusement mise en cause par le comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD), mais, imperturbables, les ministres français réfutent et accusent. Comme le fait Israël, quand il rejette les délibérations de l'ONU le concernant, la France -enfin ceux qui parlent en son nom!-, s'offusquent, dénoncent, persistent et signent : les critiques sont injustes et infondées. Et, sans qu'on y puisse rien faire : la chasse aux Rroms continue. Le Collectif de soutien aux familles rroms de Roumanie.

ONU.jpgL'avertissement lancé par l'ONU à la France de Nicolas Sarkozy, ce 27 août 2010, mérite d'être médité: l'Etat français devrait, «lorsqu'il aborde des questions liées aux composantes ethniques, raciales, culturelles ou étrangères de sa population, affirmer dans ses discours et ses actions toute sa volonté politique en faveur de la compréhension, la tolérance et l'amitié entre nations, groupes raciaux ou ethniques». C'est donc une nouvelle volée de bois vert que choisit d'envoyer la communauté internationale aux autorités françaises.

Dans ses observations définitives, le comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD) critique vivement les politiques d'immigration et d'identité nationale mises en œuvre sur le territoire français. Sur la question des Roms, sur les discours de responsables politiques appelant au racisme et à la xénophobie, sur les réformes annoncées pour restreindre l'accès à la nationalité française, notamment.

«Le comité s'inquiète de la tenue de discours politiques de nature discriminatoire en France, note d'abord l'organe de l'ONU, en s'affirmant «préoccupé de noter une augmentation récente des actes et manifestations à caractère raciste et xénophobe» sur le sol français. Constitué de dix-huit experts internationaux et indépendants, le comité onusien avait entendu le plaidoyer des autorités françaises, à la mi-août, qui avaient cherché à rassurer. Sans les convaincre, visiblement.

Sur la questions des Roms, pour commencer, le CERD rappelle ainsi la France à l'ordre en lui demandant d'éviter le renvoi collectif des membres de cette communauté vers leurs pays d'origine. En France, les Roms sont victimes de «la montée des manifestations et des violences à caractère raciste», considère ainsi le comité spécialisé. Ses experts dénoncent les renvois massifs de Roms vers la Bulgarie ou la Roumanie sans qu'ait été obtenu le «consentement libre, entier et éclairé de tous les individus concernés». Ils recommandent à la France «d'éviter en particulier les rapatriements collectifs».

Du même coup, l'ONU a décidé de recourir à une procédure exceptionnelle – l'«alerte rapide» – pour saisir du cas français les institutions européennes (la Commission et le Conseil de l'Europe). Un tel dispositif est rarement appliqué, puisqu'il concerne notamment les situations où se font jour «la haine et la violence à caractère racial, systématiques et croissantes, ou une propagande raciste ou des incitations à l'intolérance raciale, en particulier de la part de personnes, groupes ou organisations et notamment de responsables élus ou de personnalités politiques» – selon les textes mêmes de l'ONU.



Pourquoi la loi Besson de juillet 2000 sur les «gens du voyage» n'est-elle pas appliquée?

«L'objectif est d'alerter les différentes institutions sur le problème des Roms et leur rappeler leurs obligations pour que les mesures prises ne soient pas discriminatoires», a commenté le rapporteur spécial du CERD, l'Américain Pierre-Richard Prosper, pour expliquer le recours aux instances européennes. Le «problème» des Roms «n'est pas seulement un problème français, c'est un problème européen», a-t-il ajouté, avançant que la solution devait donc être «européenne». Le CERD n'en suggère pas moins à la France, dès maintenant, de «garantir l'accès des Roms à l'éducation, à la santé, au logement et autres infrastructures temporaires dans le respect du principe d'égalité».

Au passage, les difficultés imposées aux «gens du voyage» (de nationalité française) sont aussi déplorées «notamment dans leur liberté de circulation, l'exercice du droit de vote, l'accès à l'éducation et à un logement décent». Pourquoi la France n'a-t-elle «toujours pas mis à la disposition des gens du voyage le nombre nécessaire d'aires d'accueil conformément à la loi du 5 juillet 2000 dite loi Besson» ? (du nom du ministre socialiste du logement de l'époque, Louis Besson), interroge le comité. Et il demande «l'abolition des titres de circulation» que la loi française impose aux «gens du voyage» et qu'ils doivent renouveler périodiquement.

Plus largement, le comité de l'ONU recommande à Paris «d'intensifier ses efforts» contre les discriminations raciales «en utilisant tous les moyens, notamment en condamnant fermement tous discours racistes ou xénophobes émanant de responsables politiques et en prenant les mesures appropriées pour combattre la prolifération d'actes et manifestations racistes sur Internet». Dans l'attente du projet de loi d'Eric Besson, annoncé fin septembre, les Nations unies se disent spécialement inquiètes «des informations selon lesquelles des mesures pourraient être prises dans les domaines de la citoyenneté avec des conséquences discriminatoires fondées sur l'origine nationale».

Enfin, face à un autre projet gouvernemental visant à créer un «Défenseur des droits» qui reprendrait l'ensemble des missions de plusieurs autorités indépendantes spécialisées, le comité «craint que le mandat de lutte contre les discriminations, y compris la discrimination raciale, actuellement dévolu à la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité), ne soit plus que l'un des éléments du mandat du Défenseur des droits». L'ONU demande donc à la France de «maintenir une institution indépendante distincte ayant pour mandat la lutte contre les discriminations, y compris la discrimination raciale».

L'Eglise catholique poursuit de son côté une critique en règle de ces discours et des politiques gouvernementales. Prenant le relais de nombreux évêques, l'archevêque de Toulouse, Robert Le Gall, est vivement intervenu vendredi à Lourdes. Devant quatre mille personnes, il a appelé à la solidarité avec les Roms. «En août 2010, en France, des campements de Roms sont démantelés et des expulsions soi-disant volontaires du territoire français sont largement médiatisées. Devant de tels agissements et les déclarations répétées de plusieurs membres du gouvernement, nous ne pouvons rester silencieux», a dit Monseigneur Le Gall. Il s'est déclaré «convaincu que le remède à la peur et à l'insécurité ne se trouve pas dans une surenchère sécuritaire mais passe par une action de longue haleine nourrie de respect et de connaissance réciproques».

Fortement agacé par les critiques et mises en garde de l'ONU, le gouvernement a fait monter au créneau Bernard Kouchner pour défendre la politique de Nicolas Sarkozy. Dénonçant «les amalgames», le ministre des affaires étrangères a d'abord fait entendre sa petit musique: «Je vous mentirais et renierais mon engagement de toute une vie, si je vous disais que ces éclats autour des Roms m'ont fait plaisir», a-t-il déclaré vendredi devant la conférence annuelle des ambassadeurs. Mais le ministre rejette «la caricature et les amalgames» de ce rapport des Nations unies.

http://www.tdg.ch/depeches/suisse/discrimination-onu-rappelle-france-ordre-roms-0

http://www.mediapart.fr/journal/france/270810/lonu-somme-la-france-de-condamner-le-racisme

http://www.lepoint.fr/societe/expulsion-de-roms-critiquee-par-l-onu-la-france-dit-respecter-scrupuleusement-les-lois-27-08-2010-1229436_23.php

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20100827.FAP7341/le-cerd-de-l-onu-critique-les-renvois-collectifs-de-roms-en-france.html

mercredi 25 août 2010

Un pacte chrétien qui est républicain : pas de parias en France !

Erreur qui lui sera fatale : la droite sarkoziste a réveillé un réflexe républicain ! Le texte de Jean-Pierre Mignard rappelle, opportunément, qu'il n'y a qu'une seule famille humaine et que la vigilance de tous doit être totale lorsque pointe le doigt qui désigne le paria.

Un pacte chrétien contre l'exclusion

par Jean-Pierre Mignard, avocat à la cour.

On ne joue pas avec les mots sans conséquence. Il n'est pas acceptable d'associer, comme l'ont fait le président de la République ou des membres du gouvernement, l'insécurité - sémantique euphémisée du danger - à des populations ou à des groupes sociaux assignés à leurs origines, à leur groupe ethnique ou à leur quartier. Cette dérive langagière, désinvolte et politicienne, plus que réfléchie, est indifférente à toute problématique sérieuse d'ordre public. Elle est donc doublement blâmable. Elle ajoute du désordre au désordre. Pis, elle exclut.

La République n'y trouve pas son compte. Le christianisme non plus. Deux raisons pour s'affranchir des passeports idéologiques et se retrouver sur l'essentiel. Plus de 60% des Français se déclarent encore de confession catholique, et si l'on y ajoute le nombre, plus faible, des protestants, la religion chrétienne est bien l'un des plus importants parmi les multiples référents de la société française. C'est donc là que se situe l'un des maillons de la résistance à toutes les exclusions.

Avant de se répartir à droite ou à gauche, qu'ils soient du centre ou de nulle part, les chrétiens ont été convoqués au pied de la croix pour s'entendre dire qu'il n'y avait qu'une seule famille humaine. Ils doivent à leur manière exprimer leur refus de voir quiconque désigné à raison de ce qu'il est, par son identité ou par son histoire, et non de ses choix. Nous savons que ce sont les plus fragiles, et pas forcément les plus roués ou les plus nocifs, qui pâtissent de ces politiques-là. Nous savons aussi que cela dressera un peu plus une partie de la jeunesse marginalisée des quartiers populaires urbains contre les policiers, à leur tour inutilement exposés.

Dom Helder Camara téléphonait souvent au commissariat de Recife, dont il fut l'archevêque, pour se plaindre de l'arrestation d'une de ses soeurs ou de l'un de ses frères. Là, les policiers qui l'avaient prié, désolés, de venir chercher son parent constataient, désemparés, que son patronyme n'était pas le même. Dom Helder répondait systématiquement que chaque pauvre était son frère ou sa soeur, et que chacun était de sa famille.

Nous ne pouvons pas accepter que se délite le contrat social du fait de nos peurs supposées ou de nos rivalités attisées. Au-delà des partages politiques, les chrétiens communient et se reconnaissent d'abord dans un jeune homme juif, humilié et assassiné, dans lequel ils ont perçu la figure de leur Dieu. Leur vigilance doit être totale lorsque pointe le doigt qui désigne le paria.
Par toutes les forces de leur conviction partagée, les chrétiens, de la prière commune à la manifestation, peuvent et doivent inquiéter les élus sur les choix qu'on leur propose. Les chrétiens qui votent à droite ont peut-être une responsabilité supplémentaire pour exprimer ce refus, car ayant une influence plus grande sur des leaders qu'ils ont choisis et qui aujourd'hui décident. Qu'ils se souviennent que dans des temps autrement difficiles ni la Cimade protestante ni les jésuites de Fourvière ne s'étaient pliés aux démarcations idéologiques pour accomplir leur devoir spirituel et leur fidélité évangélique.

D'aucuns s'étonneront peut-être de cet appel « communautariste ». A ceux-là je réponds ceci : la laïcité est une des inventions les plus précieuses pour protéger la République des séparatismes sectaires ou confessionnels. Elle n'a cependant pas interdit aux confessions de porter assistance à la République quand son intégrité était froissée. C'est le cas et c'est donc le moment.

dimanche 22 août 2010

Lille, le PS, les Rroms et le Père Arthur...


Membre de la communauté assomptionniste, le père Arthur Hervet, 71 ans, ancien aumônier de la Batellerie, à Conflans-sainte-Honorine, sur le bateau "Je sers", s'est engagé, dès son arrivée dans la métropole lilloise, dans la défense des communautés Roms du Nord et l'amélioration de leurs conditions de vie.

Le père Arthur, a décidé de rendre au ministre de l'Intérieur sa médaille de l'ordre national du Mérite, pour protester contre la politique du Gouvernement vis à vis des Roms, a-t-il annoncé samedi à l'AFP. "J'ai décidé de renvoyer au ministre de l'Intérieur, la médaille de l'ordre national du Mérite qu'il m'avait décernée il y a quatre ans, pour protester contre le sort actuellement réservés au minorités en France, et plus particulièrement aux Roms", a déclaré le père Arthur.

"Vu la politique qui est actuellement menée par le gouvernement, je ne peux pas la garder", a-t-il ajouté. Le prêtre lillois doit s'exprimer publiquement à Lille, à la fin de la messe dimanche, avant de renvoyer sa médaille de l'ordre national du Mérite à Brice Hortefeux.


Le père Arthur a pu récupérer quelques affaires juste avant  quelles soient balancées dans un conteneur par la grue. Elles serviront à  dautres familles.


Père Arthur : « Je fais appel à l'humanité de la Ville de Lille ! »

Pour Père Arthur qui s'engage quotidiennement aux côtés des familles Roms de la métropole, la ville de Lille devrait faire un geste. Du côté des élus Verts et communistes, on rejoint la position socialiste, et renvoie l'État à ses responsabilités.

En ce qui le concerne, Père Arthur n'y va pas par quatre chemins. Lui qui s'engage sans répit aux côtés des familles Roms de la métropole juge que la Ville de Lille devrait prendre des décisions. Et de la même façon qu'il avait, il y a quelques mois, suggéré la réquisition d'une école désaffectée pour y loger une quinzaine de familles, il a lancé hier un nouvel appel. « Est-ce que Martine Aubry est au courant de ce qui se passe ici ? Je me le demande. Et je fais appel à l'humanité de la ville de Lille pour qu'elle prenne enfin les bonnes décisions. C'est un appel au secours », a déclaré Père Arthur, en pensant à ces familles qui sont relâchées après une journée de garde à vue, sans plus aucun toit sous lequel dormir. « La France est regardée par les pays étrangers. Le parti socialiste aussi. Il faut qu'il ait la force d'affronter cela. Cela lui sera compté ». « Il faut arrêter ça. Ça ne sert à rien ».

Pour les Verts de Lille, Dominique Plancke considère qu'ouvrir une salle n'est pas la bonne solution. « On a à faire avec un Préfet qui veut répondre aux gesticulations présidentielles, d'où cette accélération des évacuations dans la région. Et il faut arrêter ça, ça ne sert à rien. D'autant que maintenant, on en est à renvoyer des familles à la rue avec leurs baluchons. Faire du chiffre ne résoudra pas la problématique des Roms. En ce qui concerne la Ville, je ne pense pas qu'une salle soit la solution. Il vaudrait mieux évaluer la situation d'urgence avec les associations, qui réclament des tentes et des couches pour les enfants ».

http://www.nordeclair.fr/Locales/Lille/2010/08/21/roms-pas-de-solution.shtml