lundi 6 septembre 2010

Rroms : des élus qui bougent. Il est bien temps !



Douze élus d'Ile-de-France interpellent le premier ministre après l'annulation par le ministre de l'immigration et de l'identité nationale des réunions prévues avec les élus locaux pour tenter de trouver un moyen d'accueillir dignement les Roms dans la région parisienne.


Monsieur le Premier Ministre,

Depuis de nombreux mois, nous saisissons régulièrement les membres de votre gouvernement, ainsi que les Préfets, sur la situation catastrophique des Roms vivant en Ile-de-France.

Nous avons demandé, à de multiples reprises, la tenue d'une table ronde sur cette question et la création d'une mission régionale de traitement socio-économique des campements Roms qui soit pilotée par l'Etat et à laquelle seraient associées les collectivités locales concernées et les associations qui agissent aux côtés des Roms.

Début juillet, M. Besson, ministre de l'immigration et de l'identité nationale, nous a proposé d'organiser une réunion entre les ministères concernés et les élus locaux. Quoique ne correspondant pas exactement à notre demande, cette rencontre aurait permis aux collectivités de l'Ile-de-France de dialoguer avec les services de l'Etat sur une question qui les concerne au premier chef. Nous avions formé à cet effet une délégation d'élus locaux, de tous les départements d'Ile de France, tous impliqués de longue date sur la question Rom et avec une large représentation politique.

Nous espérions notamment que cette première réunion dont la date avait été fixée au 7 septembre 2010, serait suivie de propositions concrètes pour un accueil digne des populations Roms en France.

Nous protestons vivement contre la décision désinvolte d'annuler cette réunion qui vient de nous être signifiée par mail, « en raison de la préparation de l'examen fin septembre par l'Assemblée nationale du projet de loi immigration, intégration et nationalité et d'un calendrier extrêmement chargé tout au long de septembre ».

Cette annulation unilatérale intervient dans un contexte particulièrement dramatique de durcissement de la répression envers les Roms, avec, dans des conditions inacceptables, le démantèlement des campements et des expulsions massives organisées, expulsions dont les conséquences désastreuses pour les populations sont principalement gérées par les collectivités locales. Nous ne pouvons y voir qu'un signe supplémentaire, s'il en fallait encore un, de la volonté du gouvernement de ne traiter la question des Roms que sous un angle sécuritaire et répressif, en refusant de réfléchir à toute forme de prise en charge sociale et humanitaire ainsi qu'à tout règlement diplomatique.

Votre gouvernement semble renoncer au dialogue avec les élus locaux, alors que nous sommes en premier lieu concernés, dans nos villes et sur nos territoires, par l'installation des campements Roms, que nous menons des expériences novatrices auprès de ces populations en vue de leur intégration et de leur insertion professionnelle. Nous savons qu'avec une véritable solidarité régionale, nationale et européenne, il est tout à fait possible d'accueillir dignement ces femmes, hommes et enfants, citoyens européens qui, rappelons le, ne seront plus sous le coup des mesures transitoires qui restreignent aujourd'hui leur accès au marché du travail, au plus tard fin 2013, d'autant qu'il est dans les prérogatives des Préfets de déroger plus favorablement à ces mesures. L'Etat doit, aujourd'hui, en appeler à l'Union Européenne pour que des politiques efficaces de lutte contre les discriminations soient mises en uvre dans des pays d'origine des populations Roms.

Nous ne considérons évidemment pas que les occupations illégales de terrains et la construction de véritables bidonvilles, avec tous les risques que cela comporte pour ces familles, en particulier les risques d'incendie, soient une solution. Nous souhaitons que l'Etat assume ses responsabilités, tout comme bon nombre de collectivités locales assument les leurs, afin que des solutions de fond soient examinées et que cesse la politique qui consiste à renvoyer les familles d'un camp à un autre, et les condamne, à chaque expulsion, à toujours plus de précarité. A l'approche de l'hiver, nous demandons que des solutions d'hébergement dignes soient proposées, sur l'ensemble de l'Ile de France, à ces populations, notamment dans le cadre du Plan régional d'accueil d'hébergement et d'insertion(PRAHI).

Nous protestons contre la stigmatisation des ces populations et ne tolérons pas que la politique que nous menons soit qualifiée de « laxiste ».

Nous en appelons donc à votre responsabilité pour maintenir cette réunion et mettre fin à l'instrumentalisation médiatique d'une politique visant à stigmatiser toute une population, confirmant en cela vos récentes déclarations.

Michel BISSON, Maire de Lieusaint
Patrick BRAOUEZEC, Président de Plaine Commune, Député
Alain DESMAREST, Premier Vice-président du Conseil général du Val de Marne
Bertrand KERN, Maire de Pantin, Président de la Communauté d'Agglomération Est Ensemble
Didier PAILLARD, Maire de Saint-Denis, Vice-président de Plaine Commune
Jacques PERREUX, Vice-président du Conseil général du Val de Marne
Gilbert ROGER, Maire de Bondy, Premier Vice-président du Conseil Général de Seine-Saint-Denis
Jacques SALVATOR, Maire d'Aubervilliers
Olga TROSTIANSKY, Adjointe au Maire de Paris
Didier VAILLANT, Président de la Communauté d'Agglomération Val de France
Bernard VINCENT, Vice-président de Plaine Commune
Dominique VOYNET, Sénatrice-Maire de Montreuil


http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart

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