Discours
d'ouverture de l'assemblée plénière
de la Conférence des évêques
de France (novembre 2013)
Prononcé le mardi 5 novembre 2013 par Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France,
(Extrait)
" Nous
sommes particulièrement attentifs au sort qui est fait aux
populations d'origine bulgare ou roumaine venues vivre dans notre
pays. Depuis deux ou trois ans nous ne voyons se dessiner aucune
politique autre que celle de leur refuser un accueil réalisable et
souhaité par le plus grand nombre d'entre eux.
Des
expériences ici ou là le prouvent : des enfants, quand cela est
rendu possible, s'intègrent bien en milieu scolaire ; des adultes
soutenus par des associations souvent admirables quand elles leur
offrent leur compétence sans les instrumentaliser, apprennent notre
langue ; des projets naissent. Mais tout cela est vite interrompu par
l'insuffisance des moyens que notre société accepte de mettre pour
l'accompagnement de ceux qui se comportent de manière raisonnable et
pacifique.
Le
problème de l'habitat comme celui du travail sont cruciaux. Détruire
un bidonville peut sûrement se justifier pour des raisons évidentes
d'hygiène. Mais le détruire est-il plus urgent qu'abandonner, sans
perspective, à une nouvelle errance ceux qui y avaient fait un
refuge familial provisoire ?
Et
que dire des propos haineux à leur égard, prononcés sans aucune
retenue ? Que dire des violences qu'ils subissent ? Nous ne pensons
pas que notre société se grandisse par de tels propos ni par ce
refus de solidarité et de fraternité, même si nous n'ignorons pas
la complexité de la question, ses exigences compréhensibles et sa
dimension européenne évidente à prendre en compte avec leurs pays
d'origine.
Quand
on ne veut pas se faire frère des plus démunis, on les stigmatise
puis on les éloigne et enfin on les ignore. Quand on se fait proche
d'eux, et nous en avons de multiples témoignages, voilà que
l'amitié naît et que les peurs s'estompent. Nous nous réjouissons
de voir de nombreux chrétiens choisir ce dernier chemin, avec bien
d'autres d'ailleurs. Comment ne pas redouter que le sort fait à ces
femmes, ces enfants, ces grands-parents, ces hommes ne soit en fait
trop influencé par des surenchères politiciennes locales ou
nationales ? "